"C'était comme si nous venions de remporter le championnat": ce match nul contre le PSG qui a fait chavirer de bonheur l'OM

4
1
"C'était comme si nous venions de remporter le championnat": ce match nul contre le PSG qui a fait chavirer de bonheur l'OM

Le 5 mars 2006, le PSG doit recevoir l'OM en Ligue 1 au Parc des Princes, pour y disputer le Classico. Mais Pape Diouf, alors président de l'Olympique de Marseille, refuse d'envoyer son équipe première dans la capitale, estimant que le nombre de places attribuées à ses supporters n'est pas suffisant, et que la sécurité laisse à désirer.

Il décide donc d'envoyer les "minot" de la réserve au charbon. Un choix qui, loin de faire l'unanimité, s'apparentera finalement à un coup de maître, et prendra l'allure d'une victoire côté olympien, puisque, décomplexé, l'OM décroche un match nul inespéré (0-0).

Alexis Pradié, titulaire ce jour-là dans la défense centrale de l'OM à seulement 19 ans, revenait en 2017 dans les colonnes L'Express sur ce match resté dans les mémoires, le seul qu'il ait disputé au niveau professionnel.

"Nous avions entendu le président Pape Diouf dire que l'équipe réserve serait alignée. Personne n'y croyait au club, ça semblait tellement improbable. Nous étions persuadés que c'était un gros coup de bluff de sa part, et que c'était sa manière de mettre la pression sur le PSG. Mais deux jours avant la rencontre, Albert Emon, l'adjoint du coach Jean Fernandez, a convoqué les joueurs de la réserve pour une mise en place tactique. C'est vraiment en arrivant sur le terrain d'entraînement principal que nous avons compris que ce n'était pas une blague, et que nous allions bien jouer ce match."

Anxieux, tout le monde pensait que les jeunes marseillais allait se faire humilier. Mais comme souvent dans le football, c'est l'état d'esprit et la situation particulière qui a équilibré les débats.

"Juste avant d'entrer sur le terrain, Albert Emon et José Anigo, le directeur sportif, ont eu les mots justes. Ils nous ont demandé de jouer sans pression et de nous faire plaisir. J'ai tout de suite été très surpris par la vitesse du jeu, ça allait évidemment beaucoup plus vite qu'en réserve. J'avais l'habitude de m'entraîner avec l'équipe première, mais là, c'était mon premier match en pro. Il fallait vraiment être hyper concentré, et toujours rester attentif pour ne pas se faire surprendre par une accélération de Pauleta, Christian Rodríguez ou Jérôme Rothen. Franchement, dans les dernières minutes du match, j'étais cramé physiquement et mentalement."

Côté parisien, cette situation a le don d'agacer. Notamment les cadres, qui trouvent que cela ressemble a un gros manque de respect de l'OM.

"Certains joueurs m'ont semblé assez stressés, ils parlaient peu entre eux sur le terrain. Je me souviens surtout que Pauleta était très remonté. Il ne comprenait pas pourquoi l'OM avait envoyé son équipe réserve, il estimait que ce n'était pas très respectueux. A un moment, il m'a dit: "C'est une mascarade, c'est une plaisanterie, c'est incroyable de faire ça au niveau professionnel.""

Au coup de sifflet final, le score est toujours nul et vierge. Le camp marseillais explose de joie, et célèbre ce résultat comme une immense victoire.

"Nous savions que c'était une énorme performance, mais nous avons vraiment réalisé ce que nous venions de faire lorsque que des supporters parisiens nous ont applaudi au moment de quitter la pelouse du Parc. C'était totalement inattendu. Le retour à Marseille a également été incroyable. Notre train s'est même mis à trembler lorsque nous sommes arrivés dans la gare Saint-Charles tellement les supporters étaient nombreux à nous attendre. Ils chantaient, ils avaient des fumigènes, l'ambiance était énorme. C'était comme si nous venions de remporter le championnat. C'est un souvenir extraordinaire."

Après ce gros coup, les jeunes marseillais ont retrouvé la réserve. Comme si de rien n'était : "Après la rencontre face au PSG, les dirigeants nous avaient expliqué que le fait d'avoir joué ce match devait renforcer notre envie de passer professionnel. Malheureusement, je me suis cassé plusieurs os de la mâchoire à l'entraînement dans la foulée de ce match. Cette blessure m'a tenu éloigné des terrains pendant deux mois alors que j'étais sur une bonne lancée. Ça a été un vrai coup dur. Ça ne s'est pas arrangé la saison suivante puisque j'ai eu une pubalgie. J'ai donc commencé à réfléchir sérieusement à une autre carrière, et j'ai décidé de me lancer dans une section sport-études en Floride, aux Etats-Unis."

4 ans après son arrivée en Floride, Alexis Pradié est drafté (recruté) en Major League Soccer (le championnat professionnel nord-américain de football) par le club de Dallas : "J'ai fait la pré-saison avec eux, mais je me suis rendu compte que je n'avais plus envie de jouer au foot. J'ai renoncé à signer en MLS, et je suis parti à Montréal pour poursuivre mes études. Et finalement, j'ai ouvert il y a deux ans (ndlr, en 2015) une agence de voyage en Colombie avec ma femme. J'ai vraiment tourné la page du foot, mais j'essaie de me tenir au courant des résultats de l'OM. Ça reste mon club de cœur."

Ridicule ? Anecdotique ? Belle histoire ? Honorable ? Comment interprétez-vous cette effusion de joie de l'OM après un nul dans un classico ? Dites le nous en commentaire !

AuteurLa Meringue ✔️SourceTribuna.com
4
1
Meilleur
Plus Récents
Plus Anciens