Barcelone reste fortement impliquée dans le projet Super League européenne et Joan Laporta continue d'insister sur le fait qu'il finira par se concrétiser. Cependant, le magnat des médias espagnol Jaume Roures pense le contraire.
"C'est une discussion dénuée de sens. Cette Super League n'existera pas - fin de l'histoire. Je ne pense pas que cela ait grand-chose à voir avec ce que le tribunal luxembourgeois décide maintenant", a déclaré Roures à The Athletic.
"L'essentiel est que cette Super League ne peut pas lancer une nouvelle compétition car ils n'ont pas les équipes pour cela. Mais, plus important encore, ils n'ont travaillé sur rien d'autre que de l'annoncer très fort.
"Ils [Barça, Madrid, Juventus] prétendent qu'ils sont de bons gars et que les habitudes des jeunes envers le football ont changé, mais je peux aussi prouver avec le nombre quotidien d'audiences télévisées que les jeunes suivent le football et, en fait, le nombre de jeunes fans ne cesse d'augmenter.
"Le jour où ils annonceront un gros contrat avec, je ne sais pas, Amazon ou n'importe quel grand opérateur de télévision, peut-être que quelque chose changera.
"J'en discute très souvent avec Joan Laporta. Tout est surréaliste. Laporta dit ce qu'il dit sur disque mais ces mots n'ont pas de fondement sur lequel s'appuyer.
"Au début de tout le processus de la Super League, il y avait apparemment un gros prêt de JP Morgan. C'est bien, mais comme je le disais, tout prêt doit être remboursé.
"Après cela, il a été dit que les clubs recevraient 300 millions d'euros rien qu'en participant à la compétition. C'est impossible ! Cet argent n'existe pas dans l'industrie.
"Qui donne de l'argent - pas un prêt - aux clubs ? Est-ce que ce seront les sponsors ? Les opérateurs de télévision ? Nous parlons tous les jours à tous les grands opérateurs de télévision du monde parce que c'est notre travail, et personne n'a décrit le Super League comme un projet attrayant avec des chiffres énormes.
"En tant que modèle commercial, cela n'a de sens que si vous croyez que vous gagnerez chaque année, et qu'aucune équipe ne gagne chaque année.
"Juste pour donner un exemple : Barcelone peut jouer contre Liverpool au Camp Nou, mais si Barcelone se classe, disons, neuvième, dans une hypothétique Super League, ce match pourrait ne pas avoir d'attrait du tout.
"Sur les droits TV, la Juventus gagne actuellement environ 80 millions d'euros. Le Bayern, environ 80-90 millions d'euros. Le PSG, moins que cela. Si vous êtes Barcelone, le Real Madrid ou n'importe quelle équipe anglaise qui gagne environ 160 millions d'euros, pourquoi voudriez-vous enrichir vos rivaux directs ?Cela n'a aucun sens.
"Si vous êtes Madrid ou Barcelone, qui plaidez pour la Super League, quel intérêt ont-ils à ce que le Bayern passe de 80 millions d'euros par an aux chiffres qu'ils évoquent ? Surtout quand le Bayern, sans tout cet argent, a réussi à vous battre ( Barcelone) sur le terrain ces dernières années."
L'homme qui le prétend s'appelle Jaume Roures. Si vous devez le décrire en aussi peu de mots que possible, c'est un producteur et un magnat des médias.
En 1994, il fonde Mediapro, un groupe multimédia espagnol primé. Avant cela, en 1988, il avait aidé Barcelone à conclure l'accord avec TV3 pour les droits TV. Le Barça a utilisé les fonds de l'accord (2 milliards de pesetas ou environ 57 millions d'euros en argent d'aujourd'hui) pour construire l'équipe vainqueur de la Ligue des champions de Johan Cruyff.
Parmi beaucoup d'autres, il a des liens avec Joan Laporta, Florentino Perez et Javier Tebas. Il entretient d'excellentes relations avec Laporta mais ne s'entendait pas avec le conseil d'administration précédent. Il considère également Tebas comme son ami.
Sa société Mediapro travaille en étroite collaboration avec le principal diffuseur espagnol Movistar et gère toujours les droits internationaux de la Liga.
L'une des sociétés de Roures, Orpheus Media, a tiré le "quatrième levier" l'été dernier en achetant une part de 24,5% de Barca Studios pour 100 millions d'euros.
Pour résumer, Jaume Roures, 74 ans, est presque comme un cardinal gris du football espagnol.
Pour le moment, le Barça, le Real Madrid et la Juventus sont les seuls clubs encore officiellement impliqués dans le projet de Super League.
